TOUTES LES PROTECTIONS DES CHAUSSURES DE SÉCURITÉ
Parce que chaque métier a ses risques, chaque chaussure de sécurité a ses protections.
Beaucoup de personnes pensent qu’une chaussure de sécurité sert uniquement à protéger les orteils par l’intermédiaire d’une coque. En réalité il existe plusieurs niveaux de protection que les chaussures de sécurité peuvent fournir : protection contre la perforation, étanchéité, résistance à la chaleur, isolation ou dissipation des courants électriques, et bien d’autres.
A part certains cas spécifiques il n’existe pas de texte de loi qui précise quels sont les EPI (équipements de protection individuelle) obligatoires pour chaque corps de métier. Concernant les pieds, il faudra donc choisir la chaussure de sécurité qui répond aux besoins en terme de protections et de confort. C’est à partir de votre connaissance du métier, des postes occupés, des tâches à réaliser, des risques environnementaux, des conditions climatiques, et toutes autres analyses détaillées, que vous pourrez lister les risques encourus et déduire les protections nécessaires que les chaussures professionnelles devront fournir.
Le risque de mal comprendre les protections des chaussures de sécurité
Les chaussures de sécurité offrent différentes protections dont les classifications sont complexes et peuvent facilement être mal comprises, ce qui risque de donner lieu à de mauvais choix lors de l’achat. On voit souvent des collègues se plaindre que leurs chaussures soi-disant étanches ne le sont pas, alors qu’ils n’ont simplement pas compris qu’elles n’étaient résistantes qu’aux éclaboussures, mais non immersibles. Faire ce genre d’erreur est fréquent, et peut avoir des conséquences dramatiques quand on est mal protégé.
Normes et catégories de protection des chaussures professionnelles
Si vous avez déjà eu besoin de vous équiper en chaussures de sécurité, vous avez forcément croisé un des termes “EN 20345”, “PB”, “O4”, ou encore “S1P”. Nous allons voir comment facilement comprendre leurs significations et les différences entre chacune de ces notations.
Cette classification permet à la fois de trouver facilement des chaussures qui fournissent les protections les plus courantes, par le biais des catégories, et également des protections spécifiques additionnelles, en se référant aux lettres supplémentaires qui suivent le nom de la catégorie.
3 types de catégories pour les chaussures professionnelles
Il existe 3 normes qui régissent les chaussures de sécurité, et qui sont identifiables par le numéro de la norme ISO ainsi que par la première lettre de la catégorie :
- la lettre S correspond aux chaussures de sécurité, réglementées par la norme ISO 20345. Ce sont des chaussures qui possèdent au minimum une coque de protection des orteils qui peut résister à un choc de 200 Joules ou une force d’écrasement de 15 kilo newtons,
- la lettre P pour chaussures de protection, avec pour norme correspondante la ISO 20346. Leur coque de protection des orteils doit résister à un choc de 100 joules ou un écrasement de 10 kilos newtons.
- la lettre O utilisée pour les chaussures de travail, régies par la norme EN ISO 20347, et qui ne possèdent pas de coque de protection des orteils.
Chacune de ces 3 normes est divisée en 6 catégories. Ainsi pour les chaussures de sécurité il existe les catégories SB, S1, S2, S3, S4 et S5, et il en va de même pour les chaussures de protection (PB, P1, P2, P3, P4 et P5) et pour les chaussures de travail (OB, O1, O2, O3, O4 et O5). Ces catégories définissent quelles sont les protections apportées par les chaussures professionnelles. Par exemple une chaussure S1 aura une coque de protection des orteils résistante à un choc de 200 joules, l’arrière du talon fermé, une semelle antistatique, un talon absorbeur de chocs, et des semelles résistantes aux hydrocarbures.
Les normes supplémentaires qui complètent les protections
En plus de ces catégories les chaussures de sécurité peuvent offrir des protections supplémentaires qui sont indiquées par des lettres. Par exemple une chaussure S1P possédera toutes les protections des chaussures S1 avec en plus la présence d’une semelle anti-perforation.
Coque de protection des orteils
La protection la plus discutée des chaussures de sécurité est celle fournie par la coque de protection située autour et au-dessus des orteils. Cette coque protège contre les risques d’écrasement du pied liés aux chutes d’objets ou aux coups et impacts. Seules les chaussures de sécurité et les chaussures de protection possèdent des coques de protection, les chaussures de travail n’en possédant pas.
Isolation et conductivité électrique
Dans certains environnements il sera obligatoire de porter des chaussures de sécurité qui isolent complètement du passage du courant électrique, ou à l’inverse qui laissent passer tout le courant vers le sol afin d’éviter l’accumulation d’électricité statique.
Les propriétés d’isolation électrique et de dissipation d’électricité statique des chaussures de sécurité sont régies par les normes en vigueur. Il existe des chaussures conductrices, notées C et assez rares sur le marché ; des chaussures aux propriétés antistatiques basiques qui elles sont très communes ; des chaussures aux propriétés antistatiques possédant une résistance électrique précise, notées ESD ; et des chaussures isolantes qui répondent à des classes électriques supplémentaires, notées I. Voir cette page pour plus de détails.
Une attention toute particulière doit être portée au choix, à l’utilisation, et à la maintenance des équipements de protections individuels dans les environnements à risque.
Absorption de chocs dans le talon
La force minimale d’absorption des chocs fixée par les normes en vigueur s’élève à 20 joules. Ça peut sembler peu, car 20 joules c’est la force d’impact d’un poids de 80 kilos chutant d’une hauteur de 25 centimètres. Toutefois une telle absorption est suffisante pour limiter grandement le risque de fracture ou d’entorse de la cheville ou de lésion du talon, et simplement améliorer la sensation de confort tout au long de la journée.
Lorsqu’on est sans cesse en mouvement et qu’on doit descendre des escaliers, sauter d’un muret, et marcher en portant des charges, chacun des pas ou des sauts génère une onde de choc qui part du talon et remonte jusqu’au haut du crâne. Tout au long de la journée s’accumule une tension dans les articulations. L’absorption de chocs fournie par le talon de la chaussure de sécurité permet de réduire ces impacts, soulageant ainsi les chevilles et les genoux.
Les talons absorbeurs de chocs sont exigés dans les chaussures à partir des normes P1, S1 et O1 et sont donc assez courants. Pour les chaussures PB et SB la présence de tels talons est indiquée par la lettre E à côté du nom de la catégorie.
Résistance aux hydrocarbures
Lorsque les semelles des chaussures sont en contact avec des hydrocarbures, celles-ci peuvent perdre de leur souplesse et devenir rigides, ou se contracter ou se craqueler. Une telle réaction rendrait la chaussure dangereuse et inutilisable, lui faisant perdre ses propriétés isolantes et sa stabilité.
Des semelles certifiées résistantes aux hydrocarbures encaissent ces effets, et peuvent subir des contacts avec des hydrocarbures sans trop se rigidifier ou se contracter. Il est impératif d’entretenir ses semelles, de les maintenir propres et de rincer tous les résidus d’hydrocarbures pour augmenter leur durabilité.
Toutes les chaussures de sécurité à partir de la norme S1, ainsi que les chaussures de protection à partir de la norme P1, et les chaussures de travail à partir de la norme O1 possèdent des semelles résistances aux hydrocarbures. Pour les autres il faudra vérifier la présence de la norme FO, indiquée à côté de la catégorie. Il est à noter que les normes ISO précédentes exigeaient des chaussures SB qu’elles soient équipées de semelles résistantes aux hydrocarbures : ce n’est plus le cas depuis 2011.
Pour les besoins spécifiques de résistance aux autres produits chimiques, il faudra s’équiper de chaussures de sécurité répondant aux normes EN 13832-2 et EN 13832-3. Celles-ci fixent les exigences en matière de résistance aux produits chimiques particuliers.
Résistance à la perforation
La résistance à la perforation des chaussures de sécurité est assurée par une semelle intermédiaire qui se trouve insérée entre la semelle d’usure (celle qui est en contact avec le sol) et la semelle de confort (celle qui est en contact avec le pied). Les normes imposent une résistance telle qu’un clou de 4,5 millimètres de diamètre enfoncé avec une force de pression de 1100 newtons ne pourrait pas transpercer. Pour donner un ordre d’idée : 1100 newtons correspondent à la pression que subit la semelle d’un homme de 80 kg, habillé et équipé, en déplacement à vitesse de marche.
Les semelles anti-perforation qui équipent les chaussures de sécurité peuvent être métalliques ou non métalliques. Ces dernières présentent un certain nombre d’avantages : elles recouvrent l’ensemble de la surface de la chaussure, sont beaucoup plus flexibles, plus légères, amagnétiques, et isolantes thermiquement. Certains matériaux peuvent également présenter des avantages supplémentaires, comme par exemple le kevlar qui fournit un meilleur amortissement de la chaussure. Les semelles anti-perforation métalliques quant à elles ont pour avantage de procurer une meilleure durabilité, résisteront à la pénétration d’objets plus fins que ce qui est fixé par la norme, et ne se déformeront pas lorsque l’on marche sur des objets contondants.
Les chaussures de sécurité S3 et S5, les chaussures de protection P3 et P5 et les chaussures de travail O3 et O5 possèdent une semelle anti-perforation. Pour les autres il faudra vérifier la présence de la lettre P à côté de la catégorie de la chaussure. Par exemple il est commun de voir des chaussures notées SBP, S1P.
Isolation thermique et résistance aux fortes chaleurs
Il existe différents niveaux d’isolation thermique fournis par les chaussures de sécurité. Les normes CI et HI se focalisent sur la capacité de résistance à la conductivité de la chaleur (chaud ou froid) au niveau des semelles, et la norme HRO exige des semelles qu’elles soient résistantes au contact avec des objets ou des surfaces à forte chaleur.
Au-delà de ce qui est exigé par ces normes, le porteur de chaussures de sécurité qui travaille dans des environnements où il est nécessaire de protéger les pieds contre des températures inconfortables devra porter son attention sur des éléments qui ne sont pas réglementés par des normes, tels que les matériaux qui constituent la tige de la chaussure, la coque de protection des pieds, et ainsi de suite. Voir cette page pour plus de détails.
Résistance à l’eau et étanchéité
Les chaussures de sécurité dites hydrofuges offrent un niveau de résistance à l’eau et d’imperméabilité qui dépend des normes auxquelles elles répondent. En effet toutes les chaussures de sécurité n’offrent pas une imperméabilité identique aux liquides, et rares sont celles qui sont complètement étanches.
La majorité des chaussures du marché offrent une résistance aux éclaboussures ou à une pluie occasionnelle, ce qui est suffisant dans la plupart des cas. Ceux qui travaillent dans des environnements plus humides, voire ceux qui ont souvent les pieds dans l’eau, devront se tourner vers des chaussures de sécurité plus étanches, ou des bottes de sécurité. Voir la page dédiée à la protection contre la pénétration d’eau pour plus de détails.
Protection du métatarse
Si la coque de protection venant protéger le bout des orteils est présente dans toutes les chaussures de sécurité et toutes les chaussures de protection, certains environnements de travail peuvent exiger que le métatarse, aussi appelé le cou-de-pied ou plus simplement le dessus du pied, soit également protégé. Les chaussures offrant ce type de protection sont identifiées par la norme M.
Les chaussures de sécurité avec protection du métatarse gardent encore malheureusement une mauvaise réputation car elles étaient lourdes, rigides et inconfortables. Bien heureusement les technologies modernes permettent la fabrication de chaussures offrant les mêmes niveaux de protection tout en restant très confortables.
Il existe des chaussures équipées de protections métatarsiennes externes ou internes. Dans le premier cas la chaussure est facilement identifiable par le rabat qui vient par-dessus le système de laçage, et dans le deuxième cas la protection interne est invisible car tout le secret de la protection réside dans les matériaux utilisés pour la fabrication de la chaussure.
Afin d’obtenir la norme M, la chaussure doit résister à un choc de 100 joules vers le milieu du pied. Cette protection a pour objectif de répartir la force du choc sur le reste de la chaussure, protégeant ainsi le pied contre les chûtes d’objets, mais également contre les risques de perforation liés aux objets tranchants ou pointus.
A savoir qu’il existe également des protections métatarsiennes amovibles qui peuvent êtes installées sur des chaussures qui ne bénéficient pas de la norme M. Si vous optez pour cette solution assurez-vous que la protection soit bien fixée sur la chaussure et ne risque pas de bouger lors d’un choc, ce qui pourrait rendre le pied vulnérable.
Protection antidérapante
Toutes les chaussures professionnelles, qu’elles soient de sécurité, de protection ou de travail, répondent aux exigences des normes ISO en ce qui concerne leurs propriétés antidérapantes. Ainsi pour obtenir la certification, la chaussure professionnelle est testée sur une surface céramique recouverte de détergent et sur une surface en acier recouverte d’huile.
La qualité antidérapante d’une chaussure est primordiale lorsque l’on travaille dans des environnements humides, en extérieur, ou quand des liquides ou des graisses peuvent se trouver sur le sol.
Il existe des sur-chaussures et semelles externes amovibles qui viennent se fixer autour de la chaussure pour fournir une protection antidérapante additionnelle. Cette solution est idéale pour les visiteurs qui ne seraient pas équipés de chaussures de sécurité, ou pour les conditions particulières comme par exemple les crampons par temps de neige.